Rorschach
Rorschach : taxonomie subjectivement figurative. encre pigmentaire, papier Hahnemühle photo Rag 60x90cm, contre collage sur alu-dibond, encadrement aluminium_plaquage bois gris anthracite. . « J’envisage mon travail comme une sorte de catalogue dans lequel je montre des groupes identitaires, des listes de paysages, des formes sensiblement identiques... . Cette « taxonomie » fait partie de mon écriture photographique». « Je commence ce travail photographique en février 2019; mes modèles qui posent pour une autre série enjambent mes boîtiers, négligemment posés sur le sol du studio. Pour plaisanter, je leur laisse croire que je vais déclencher à distance et les photographier par-dessous. Elles s’en moquent et continuent leur manège. Le lendemain je commence les prises de vues. Je dépose un appareil photo sur le sol du studio et je le connecte à un smartphone (bluetooth). Après mes explications et mes directives pour obtenir le résultat imaginé, le modèle enjambe l’APN et déclenche elle-même l’obturateur via le téléphone qu’elle tient dans une main. Ainsi, je donne une plus grande place au modèle qui habituellement pose pour moi : c’est lui qui se « photographie ». Je garde une distance par rapport au processus de création. Je ne suis plus le « photographe », a proprement parlé, mais le « metteur en scène ». L’œuvre découle plus de la performance et c’est la vision du corps réel d’une femme qui se représente telle qu’elle se voit. L’idée fait son chemin, je décide de mettre en scène la réalisation de « Rorschach… » (non encore produite à ce jour) : la photographie prise par le modèle apparaît fugacement sur un écran géant placé au-dessus de la scène… . Quand je montre mes premiers tirages à un ami, interrogateur il s’esclaffe : « on dirait un test de Rorschach ! ». Même si cette remarque me plaît et que j’en fais le titre de cette taxonomie, ma démarche ne va pas dans le sens de l’évaluation psychologique, mais plutôt vers la représentation d’une photographie charnelle et lyrique qui pose d’une certaine façon la question du regard. Mes photographies ne cherchent pas à donner une représentation érographique du corps sadien ; elles présentent la femme dans un schéma romanesque classique, comme celui d’Anna Karénine où le corps est un foyer vital de tensions amoureuses vers lequel converge tout ce que la parole pétrifiée propre à une société conventionnelle soucieuse de bienséance est incapable de prendre en charge.